vendredi 10 avril 2020

La Loi de Presse de 1938: les ciseaux gagnent au papier

        Malgré le fait que la Guerre civile espagnole se termina le 1er avril 1939, le gouvernement franquiste s’était déjà installé en janvier 1938, ce qui représente l’effondrement de la république. L’une des premières mesures que Franco a adoptées concernait la presse. En effet, la Loi de Presse, mise en vigueur en avril 1938, prédisait un gouvernement autoritaire et hermétique.

        En premier lieu, tous les journaux et toutes les revues appartenaient maintenant au gouvernement, ce qui facilitait le contrôle de la presse espagnole. En plus, les journalistes devaient faire partie du Registre Officiel de Journalistes, et même leurs vies privées étaient contrôlées, afin de savoir s’ils étaient fidèles à l’idéologie du régime, et si ce n’était pas le cas, ils étaient bannis de la profession.

        En deuxième lieu, la loi, qui s’est endurcie progressivement, interdisait tout type de publication qui allait contre la morale (qui parlait de sexe), la religion (qui allait contre le catholicisme, rappelons que toute autre religion était de même illégale) et, bien sûr, la politique franquiste (les écrits républicains, considérés ‘’antinationaux’’). Pour contrôler les écrits qui apparaissaient en presse, le censeur se chargeait de réviser tous les articles de tous les journaux et de signaler tout élément qui ne respectait pas la Loi de Presse. Un exemple de censeur et l’auteur Camilo José Cela. D’ailleurs, le poste de censeur était très bien payé par le ministère.

        D’autre part, les illustrations étaient aussi censurées. Oui, comme vous le lisez. Il y avait une personne, l’illustrateur, chargée de modifier les dessins des journaux jusqu’à ce qu’ils s’adaptent aux conditions que demandaient la loi. Concernant les femmes, par exemple, les seins des femmes étaient réduits, le décolleté était diminué… Et, bien évidemment, cela ne restait pas que dans les illustrations : dans les articles et publicités, quelques mots étaient bannis, tels que culotte (‘braga’), cuisse (‘muslo’) ou aine (‘ingle’).



        La Loi de Presse de 1938 est remplacée par celle de 1966, qui desserre un peu la corde du cou des journalistes. Cependant, la censure persiste, même après la mort de Franco, en 1975. Après sa mort, lors d’une dictature sans dictateur destinée à l’échec, les journaux ont commencé à dire et montrer ce que, pendant toutes ces années, ils avaient dû taire et cacher. Nous verrons dans un autre article un exemple excellent de cette nouvelle presse qui émerge dans la Transition.

        En résumé : même le nombre de pages pour chaque publication était limité. Les mots, les traits des dessins, l’encre et les feuilles étaient restreints. Tout était contrôlé avec une loupe d’inspecteur. La Guerre civile se transforma en une bataille entre le papier des écrivains et des ciseaux des censeurs. Comme dans le jeu pierre-papier-ciseaux, les ciseaux gagnent toujours au papier.




Armando Rouge









La prensa y la dictadura franquista. De la censura hasta el ‘Parlamento de papel’:

Cómo se ejercía la censura de prensa durante el franquismo (hasta 1966):

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