En premier lieu, tous les journaux et toutes les revues appartenaient
maintenant au gouvernement, ce qui facilitait le contrôle de la presse
espagnole. En plus, les journalistes devaient faire partie du Registre Officiel
de Journalistes, et même leurs vies privées étaient contrôlées, afin de savoir
s’ils étaient fidèles à l’idéologie du régime, et si ce n’était pas le cas, ils
étaient bannis de la profession.
En deuxième lieu, la loi, qui s’est endurcie progressivement, interdisait
tout type de publication qui allait contre la morale (qui parlait de sexe), la
religion (qui allait contre le catholicisme, rappelons que toute autre religion
était de même illégale) et, bien sûr, la politique franquiste (les écrits
républicains, considérés ‘’antinationaux’’). Pour contrôler les écrits qui
apparaissaient en presse, le censeur se chargeait de réviser tous les articles
de tous les journaux et de signaler tout élément qui ne respectait pas la Loi
de Presse. Un exemple de censeur et l’auteur Camilo José Cela. D’ailleurs, le
poste de censeur était très bien payé par le ministère.
D’autre part, les illustrations étaient aussi censurées. Oui, comme vous le
lisez. Il y avait une personne, l’illustrateur, chargée de modifier les dessins
des journaux jusqu’à ce qu’ils s’adaptent aux conditions que demandaient la loi.
Concernant les femmes, par exemple, les seins des femmes étaient réduits, le décolleté
était diminué… Et, bien évidemment, cela ne restait pas que dans les illustrations :
dans les articles et publicités, quelques mots étaient bannis, tels que culotte
(‘braga’), cuisse (‘muslo’) ou aine (‘ingle’).
La Loi de Presse de 1938 est remplacée par celle de 1966, qui desserre un
peu la corde du cou des journalistes. Cependant, la censure persiste, même
après la mort de Franco, en 1975. Après sa mort, lors d’une dictature sans
dictateur destinée à l’échec, les journaux ont commencé à dire et montrer ce que,
pendant toutes ces années, ils avaient dû taire et cacher. Nous verrons dans un
autre article un exemple excellent de cette nouvelle presse qui émerge dans la
Transition.
En résumé : même le nombre de pages pour chaque publication était limité.
Les mots, les traits des dessins, l’encre et les feuilles étaient restreints.
Tout était contrôlé avec une loupe d’inspecteur. La Guerre civile se transforma
en une bataille entre le papier des écrivains et des ciseaux des censeurs.
Comme dans le jeu pierre-papier-ciseaux, les ciseaux gagnent toujours au
papier.
Armando Rouge
La prensa y la dictadura franquista. De la censura hasta
el ‘Parlamento de papel’:
Cómo se ejercía la censura de prensa
durante el franquismo (hasta 1966):
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